mardi 14 juin 2016

Diego Velazquez (1599 Seville-1660 Madrid) et Edouard Manet (Paris 1832- Paris1883)


Velazquez:    le marchand d'eau de Seville (1620)


Manet : le Fifre (1866)
 


  
Je vous propose de faire ici  un (court) parallèle entre ces deux grands peintres européens, afin de mettre en lumière ce qui les rapproche, même s’il est évident que Velazquez  garde sur Manet l’avantage de l’antériorité .

Les deux artistes sont nés dans une famille aisée et cultivée de deux pays d’Europe, mais à plus de deux siècles d’intervalle. Tous deux ont eu accès pendant leurs jeunes années à la meilleure peinture des artistes peintres des siècles antérieurs, notamment italiens comme Raphaël, Michel-Ange ou Caravage.

Si Diégo Velazquez fut poussé par son père dés 1612 dans les ateliers des artistes espagnols Herrera et Pacheco, ce n’est pas le cas d’Edouard Manet dont la vocation d’artiste peintre fut contrariée par son père. Ce n’est qu’à l’âge de 18 ans révolus qu’ Edouard put enfin fréquenter l’atelier très « académique » de Thomas Couture,  atelier qu’il n’eut de cesse de quitter par la suite pour imposer sa propre vision d’une peinture « naturaliste ». 

Velazquez connait la célébrité dés ses 18 ans avec des scènes réalistes de cabaret ou « bodegones », genre alors très en vogue dans l’Europe du début du XVIIème siècle. En effet l’église réformée hollandaise est alors opposée à toute représentation humaine dans les édifices religieux, et cette opposition freine alors la diffusion des peintures religieuses ou mythologiques hors des églises. Les « bodegones » se doivent représenter de manière très réaliste et même laïque les personnages et les objets qui les entourent. Ces objets (cruches, vaisselles, cuivres, fruits…) doivent être reproduits à la perfection dans la pure tradition hollandaise ou flamande de la « nature morte ».
Devenu très vite un excellent peintre et un fidèle portraitiste, Velazquez  est engagé dés 1623 à Madrid au service du roi d’Espagne Philippe IV, (dont il réalisera par la suite les nombreux portraits officiels). Il meurt à Madrid à l’âge de 61 ans en pleine gloire, après avoir mené une vie assez régulière. ( à signaler toutefois quelques rencontres dont celle de Rubens à l'Escurial en 1628 et  quelques voyages  initiatiques dont un séjour de plus d'un an en Italie, en 1629/1630).

Manet s’intéresse très progressivement à la peinture espagnole et notamment à celle de Velazquez et de Goya au fur et à mesure de ses découvertes personnelles (visites régulières des tableaux de l’Ecole Espagnole du Louvre,  voyage à Madrid de 1865, découverte de l'exposition publique des collections impériales espagnoles … ) . Les traditions et la musique d’Espagne sont alors très en vogue à la cour de Napoléon III et d’Eugénie Montijo.
Manet s’inspire notamment  des scènes de cabaret et des portraits réalistes de Velazquez , en les transposant au XIX ème siècle, et  il ne néglige pas de représenter dans un coin de ses toiles quelques objets léchés de nature morte chers à Velazquez. Mais il se gardera bien de représenter des portraits de cour académique, laissant ce travail à Meissonier ou à Couture ! Il s’inspire aussi des scènes de guerre de Goya pour son tableau « l’exécution de l’empereur Maximilien » et s'inspire de la « Maja Nue »  du peintre espagnol pour créer son Olympia.
Après avoir traversé un demi-siècle des plus agités sur le plan sentimental et politique,  habitué des scandales à répetitions que suscite sa peinture novatrice (salon des refusés), Manet ne connaitra le succès qu’à la fin de sa vie.
Si l’on peut affirmer que  Manet s’est fortement inspiré du dessin et de la technique de Velazquez, il a su se libérer de l’influence du maître espagnol, en simplifiant et en épurant ses portraits et ses compositions, en vivifiant les couleurs de sa palette, en renonçant notamment aux tons bruns foncés omniprésents chez Velazquez, mais surtout en s’éloignant définitivement des séries de portraits officiels chers au peintre espagnol.


Chacun en son temps a su faire évoluer de façon immense et novatrice la peinture européenne, enfin la peinture universelle.
   
   
l’exécution de l’empereur Maximilien -1868
voir le tableau de Goya ci-après

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

merci de m'envoyer votre commentaire par mail à jf.rancurel@orange.fr