samedi 29 novembre 2014

La peinture de Rome à Pompéi

Le Musée Saint Raymond de Toulouse présente du 15 novembre 2014 au 22 mars 2015 une remarquable exposition d'envergure internationale sur le thème de la peinture romaine en expliquant et illustrant de façon très complète son évolution et ses influences.


Exposition du MSR de Toulouse : du 15/11/2014 au 22/3/2015

En résumé d'après une conférence d'Alexandra Dardenay, maître de conférence en histoire de l'Art romain : 


Depuis 1875 avec la redécouverte quasi complète des peintures de Pompéi et du monde gallo-romain et grâce à l'historien allemand Auguste Mau, on a pris l'habitude de distinguer 4 styles de peinture romaine (correspondant à 4 époques successives) dans les fresques découvertes à Rome, Pompéi et dans le monde romain européen ( notamment en Gaule Narbonnaise).



1er style:  de -130 AV JC à -80 AV JC

C'est un style de décoration multicolore, influencé par les modèles grecs d'architecture classique monumentale où les panneaux de stuc sont peints de façon à imiter le marbre et les pierres dures où les représentations de figures, de paysages et d'objets sont absentes . 




2ème style: de -80 AV JC à -20 AV JC

La décoration des demeures patriciennes se précise avec toujours des peintures de panneaux en trompe l'oeil imitant les matières nobles (marbres et onyx) mais ces panneaux sont encadrés de colonnades de style péristyle et agrémentés de décors scénographes mythologiques (en général copiés de peintures de chevalets grecques dont les originaux ne nous sont pas parvenus...).
On note l'apparition de figures grandeur nature aux riches coloris.

  
Boscoreale : Décor avec guirlande et tête de taureau (60-40 avant JC)



  
Villa dite des Mystères : Pompei




3ème style: de -20 AV JC à +40 AP JC

Le décor géométrique se fait plus sobre et plus raffiné avec apparition de "candélabres" inter-panneaux aux dessins minutieux. Ces nouveaux candélabres seront amplement redécouverts par les décorateurs de la Renaissance.





4ème style: de +40 AP JC  à +100 AP JC

Les décors et les peintures retrouvés sont assez nombreux, notamment dans les villas de Pompéi et d'Herculanum détruites en 79 par l'éruption du Vésuve.
On pourrait croire qu'à la suite de cette catastrophe, l'art et les techniques picturales ne se soient complètement perdus (et ce jusqu'au XVIII ème siècle où l'on a redécouvert ces sites fossilisés). Il n'en est rien, car c'est bien à Rome que les artistes et leurs mécènes innovaient en matière d'art contemporain  et de techniques. Les propriétaires fortunés de Pompéi et d'Herculanum (ou d'ailleurs) n'ont fait que suivre en leur temps les modes romaines.  

  
Herculanum: Endymion et Séléné IVème style 50-79 AP JC




mardi 11 novembre 2014

La peinture romane en Catalogne et en Ariège

       
Saint-Lizier ( Ariège) : les Apôtres

Après la chûte de Rome, l'Empire romain/byzantin réussit à se maintenir jusqu' à la prise de Constantinople par les Turcs Ottomans en 1453 .
Cette longue période de stabilité permit l'éclosion d'un art profane et religieux fortement inspiré des mosaïques et des fresques gréco-romaines, et instrumentalisé pour les besoins du christianisme naissant. L'art sacré byzantin se développa peu à peu à l'extérieur des frontières grâce aux échanges commerciaux et religieux que Constantinople entretenait avec les pays riverains (comme par exemple à partir du VIIIème siècle avec Torcello et Venise sur l'Adriatique).  

A leur tour, les monastères italiens et les dignitaires de l'Eglise romaine attirèrent pour décorer leurs chapelles ces artistes spécialisés dans la peinture de dévotion. Les scènes peintes "a fresco" représentaient de façon imagée et simplifiée des scènes bibliques ou évangéliques qui avaient pour vocation l'enseignement par l'image de fidèles souvent illettrés.
On retrouve ces fresques dans les monastères de  Monte Cassino,  Palerme, et Montreale (Sicile). 

A partir du XIème siècle, la peinture romane se développa dans les églises du sud de l'Europe, notamment en Catalogne et dans le sud de la France grâce à quelques peintres itinérants. Les chemins de St Jacques de Compostelle firent ensuite remonter jusqu'en Rhétie, en Allemagne, ce nouvel art roman qui complétait la construction des nouveaux édifices religieux offrant de larges surfaces à décorer.


  

















    Parmi les peintres itinérants les plus remarquables, on peut citer le Maître de Pedret à qui on attribue les peintures de Saint Jean de Boi en Catalogne  et de St Lizier et de Vals. Ce peintre a beaucoup travaillé dans le nord de l'Espagne et dans le sud ouest de la France au début du XIIème siècle.
On ne sait pourtant rien de cet artiste très influencé par l'iconographie byzantine. On peut imaginer qu'après s'être formé dans les monastères de Sicile ou d'Italie, il se rendit en Espagne où la demande était importante. Il se déplaçait sans doute sur les routes de Catalogne et d'Occitanie avec son équipe d'artisans, son atelier, ses carnets, ses pinceaux et ses pigments, au gré des commandes du clergé catalan de l'époque. 

   
Saint Jean de Boi (Catalogne): le martyr de St Benoit