vendredi 9 décembre 2016

Musée des Augustins de Toulouse



Lorsque l'on visite le musée des Augustins de Toulouse, situé au cœur de la trépidante ville rose, on est immédiatement frappé par la quiétude du cloître médiéval qui en est l'entrée et le passage obligé. Le jardin du cloître est divisé en carrés réguliers où sont cultivées des plantes aromatiques et des variétés anciennes de plantes potagères, recherchées en diététique et en gastronomie.

La sérénité du lieu est une invitation immédiate au voyage contemplatif; mais également une invitation au voyage rétrospectif et hors du temps puisque les œuvres d'art du musée couvrent prés de 1000 ans d'histoire de la sculpture et de la peinture européenne, de l'Art Roman à l'Art Moderne.


Et qui sait que le musée des Augustins possède une collection intéressante de tableaux réalisés à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle par des réalistes, des impressionnistes et des nabis, (qui mériterait d'être mieux exposée et étoffée) car Toulouse qui s'enorgueillit d'un musée d'Art Contemporain (Les Abattoirs) ne possède pas encore  de musée d' Art Moderne. 

Par ailleurs le site de La Grave destiné à devenir un musée, avec sa splendide coupole XIXème siècle serait un écrin remarquable pour cette dernière collection ! dont voici l'essentiel :


Camille Corot                1796-1875       l'étoile du berger 1864       

Gustave Courbet           1819-1877       le ruisseau du puits noir 1865

Edouard Manet             1832-1883      portrait de Mlle de Conflans

Berthe Morisot               1841-1895      jeune fille dans un parc 1893

Henri de Toulouse-Lautrec    1864-1901  femme à sa toilette  1896

Edouard Vuillard          1868-1940       sous les arbres du pavillon rouge 1907

Maurice Denis               1870-1943       nativité 1894 


Mais aux Augustins, en sus de remarquables sculptures et chapitaux, tous les thèmes de peinture sont abordés: scènes mythologiques et religieuses, scènes d'histoire, paysages, natures mortes et portraits.
La peinture européenne des XVI ème, XVIIème et XVIIIème siècles est particulièrement bien représentée avec des tableaux des écoles nordiques (hollandaise et flamande), italiennes et françaises (Nicolas Tournier, Aubin Vouet...) , mais aussi le XIXème siècle avec Ingres, Delacroix, Gros et la peinture académique de l'Ecole toulousaine avec des oeuvres d' Henri Martin, J-P Laurens, et de magnifiques tableaux d'artistes un peu oubliès comme Benjamin Constant, Gérome, Debat-Ponsan, Cormon...

Parmi les chefs d'œuvre exposés, j'ai obtenu du musée l'autorisation de vous présenter ces tableaux qui illustrent les principaux thèmes abordés dans les écoles européennes de cette période.
A vous d'en déchiffrer la thématique, les intentions de l'artiste, les règles de la composition, les contrastes et les harmonies de couleurs. Cliquer sur les images pour les agrandir et pour faire apparaître une galerie de tableaux.



L'Humanité avant le déluge de Cornelis Van Haarlem (1562-1638) 
« Toulouse, Musée des Augustins »

Le Christ entre les deux larrons de Pierre-Paul Rubens (1577-1640)
 " Toulouse, Musée des Augustins "
 
   

Le Pont du Rialto à Venise de Francesco Guardi (1712-1793) « Toulouse, Musée des Augustins »


                                                                       



      
Fantaisie d’artiste de Pierre Hubert Subleyras " Toulouse, Musée des Augustins "




Portrait de la Baronne de Crussol d’Elisabeth Louise Vigée-Le Brun (1755-1842)   
« Toulouse, Musée des Augustins »   
                               

                                                                
         


jeudi 3 novembre 2016

Cézanne

Paul Cézanne (1839 Aix-en-Provence-1906 Aix-en-Provence)

S'il existe une rupture précoce et radicale dans l'évolution de la peinture occidentale, elle est due à Paul Cézanne.
Ce peintre a consacré sa vie à chercher comment simplifier et reconstruire les formes sans pour autant simplifier ou abandonner leurs couleurs. Aix, Paris, Auvers-sur Oise, l'Estaque...sont autant de lieux emblématiques qui croiseront son regard et forgeront progressivement sa palette et son oeuvre aboutie.


Paul Cézanne: La montagne Ste-Victoire vue de Bellevue: 1882-1885
New York: The Metropolitan Museum of Art

Aixois, fils de banquier, ami de Zola...avec qui il se fâche, aprés s'être reconnu dans le peintre raté de "L'Oeuvre",  Paul Cézanne n'a pratiquement pas vécu de sa peinture, si ce n'est à la fin de sa vie lorsqu' il obtint enfin la reconnaissance des marchands d'art et du public.

Et pourtant son oeuvre a été extrèmement féconde puisqu'elle a jeté les bases de l'Art Moderne, (bien avant Kandinsky) en donnant entre autres, naissance au Cubisme. Certains courants artistiques contemporains lui doivent encore beaucoup pour les formes comme pour les couleurs. 
  

mardi 14 juin 2016

Diego Velazquez (1599 Seville-1660 Madrid) et Edouard Manet (Paris 1832- Paris1883)


Velazquez:    le marchand d'eau de Seville (1620)


Manet : le Fifre (1866)
 


  
Je vous propose de faire ici  un (court) parallèle entre ces deux grands peintres européens, afin de mettre en lumière ce qui les rapproche, même s’il est évident que Velazquez  garde sur Manet l’avantage de l’antériorité .

Les deux artistes sont nés dans une famille aisée et cultivée de deux pays d’Europe, mais à plus de deux siècles d’intervalle. Tous deux ont eu accès pendant leurs jeunes années à la meilleure peinture des artistes peintres des siècles antérieurs, notamment italiens comme Raphaël, Michel-Ange ou Caravage.

Si Diégo Velazquez fut poussé par son père dés 1612 dans les ateliers des artistes espagnols Herrera et Pacheco, ce n’est pas le cas d’Edouard Manet dont la vocation d’artiste peintre fut contrariée par son père. Ce n’est qu’à l’âge de 18 ans révolus qu’ Edouard put enfin fréquenter l’atelier très « académique » de Thomas Couture,  atelier qu’il n’eut de cesse de quitter par la suite pour imposer sa propre vision d’une peinture « naturaliste ». 

Velazquez connait la célébrité dés ses 18 ans avec des scènes réalistes de cabaret ou « bodegones », genre alors très en vogue dans l’Europe du début du XVIIème siècle. En effet l’église réformée hollandaise est alors opposée à toute représentation humaine dans les édifices religieux, et cette opposition freine alors la diffusion des peintures religieuses ou mythologiques hors des églises. Les « bodegones » se doivent représenter de manière très réaliste et même laïque les personnages et les objets qui les entourent. Ces objets (cruches, vaisselles, cuivres, fruits…) doivent être reproduits à la perfection dans la pure tradition hollandaise ou flamande de la « nature morte ».
Devenu très vite un excellent peintre et un fidèle portraitiste, Velazquez  est engagé dés 1623 à Madrid au service du roi d’Espagne Philippe IV, (dont il réalisera par la suite les nombreux portraits officiels). Il meurt à Madrid à l’âge de 61 ans en pleine gloire, après avoir mené une vie assez régulière. ( à signaler toutefois quelques rencontres dont celle de Rubens à l'Escurial en 1628 et  quelques voyages  initiatiques dont un séjour de plus d'un an en Italie, en 1629/1630).

Manet s’intéresse très progressivement à la peinture espagnole et notamment à celle de Velazquez et de Goya au fur et à mesure de ses découvertes personnelles (visites régulières des tableaux de l’Ecole Espagnole du Louvre,  voyage à Madrid de 1865, découverte de l'exposition publique des collections impériales espagnoles … ) . Les traditions et la musique d’Espagne sont alors très en vogue à la cour de Napoléon III et d’Eugénie Montijo.
Manet s’inspire notamment  des scènes de cabaret et des portraits réalistes de Velazquez , en les transposant au XIX ème siècle, et  il ne néglige pas de représenter dans un coin de ses toiles quelques objets léchés de nature morte chers à Velazquez. Mais il se gardera bien de représenter des portraits de cour académique, laissant ce travail à Meissonier ou à Couture ! Il s’inspire aussi des scènes de guerre de Goya pour son tableau « l’exécution de l’empereur Maximilien » et s'inspire de la « Maja Nue »  du peintre espagnol pour créer son Olympia.
Après avoir traversé un demi-siècle des plus agités sur le plan sentimental et politique,  habitué des scandales à répetitions que suscite sa peinture novatrice (salon des refusés), Manet ne connaitra le succès qu’à la fin de sa vie.
Si l’on peut affirmer que  Manet s’est fortement inspiré du dessin et de la technique de Velazquez, il a su se libérer de l’influence du maître espagnol, en simplifiant et en épurant ses portraits et ses compositions, en vivifiant les couleurs de sa palette, en renonçant notamment aux tons bruns foncés omniprésents chez Velazquez, mais surtout en s’éloignant définitivement des séries de portraits officiels chers au peintre espagnol.


Chacun en son temps a su faire évoluer de façon immense et novatrice la peinture européenne, enfin la peinture universelle.
   
   
l’exécution de l’empereur Maximilien -1868
voir le tableau de Goya ci-après

mercredi 1 juin 2016

Francisco Goya (1746 Saragosse-1828 Bordeaux)

Pendant les premières années de sa carrière de peintre à Saragosse, en Italie (1770/1771) puis à Madrid à la cour de Charles III (1786/1792), Goya exécute ses toiles dans un style rococo espagnol, (alors très en vogue dans la haute société) directement influencé par les styles rococo italien et français.


Francisco Goya : autoportrait- Musée d'Agen

En 1792, suite à une très grave maladie, Goya devient complètement sourd. Son style et ses thèmes de peinture changent alors radicalement.
Il "entend" dorénavant "fustiger les vices et les erreurs humaines", en illustrant de façon dramatique ses gravures et ses tableaux, dont les plus significatifs sont les "peintures noires" de la Quinta el Sordo à Madrid.


Francisco Goya: les fusillades du 3 mai (1814) Madrid:Musée du Prado
En 1815 Goya doit alors quitter  l'Espagne sous la pression de la Restauration et s'installe à Bordeaux où il décède en 1828. 
Il reste un très grand analyste et un génial révélateur des turpitudes et des trivialités de la nature humaine.