samedi 12 octobre 2013

le lin et les liants dans la peinture

Les liants utilisés par les artistes peintres pour mettre en œuvre les pigments, depuis les origines de la Peinture jusqu'au siècle dernier, étaient des  graisses animales et moelle des os, résines végétales, cire d’abeille, œufs, caséine du lait, huiles végétales, notamment l'huile de lin.
Lorsque le liant est trop pâteux pour être étalé correctement, le peintre doit le mélanger avec un diluant. Pour la peinture à l’huile, il utilise principalement aujourd'hui de l’essence de térébenthine ou du White Spirit  .
En revanche, la gouache et l’aquarelle sont des peintures dites « à l’eau » car leurs liants, des gommes végétales, se mélangent bien avec de l’eau, utilisée ici comme diluant, ainsi que les peintures acryliques à base de résines de synthèse acryliques et vinyliques qui utilisent aussi l'eau comme diluant. 

Le développement de la peinture à l'huile est étroitement lié à la culture du lin.

Bien que connus depuis l'Antiquité ce n'est qu'à la Renaissance que la toile de lin (tissée à partir des fibres tirées des tiges de la plante) et  que l'huile de lin  (extraite des graines de la même plante) commenceront à être largement utilisés en peinture.


                            
                                                              


Jan an Eyck: les époux Arnolfini (1434)
huile (de lin?) sur bois
Londres: National Gallery
Plusieurs huiles végétales conviennent pour disperser pigments ou colorants, mais ces huiles doivent être suffisamment fluides et surtout insaturées pour permettre une polymérisation lors du séchage et donc leur durcissement en vernis protecteur.
Les principales huiles utilisées en peinture aujourd'hui sont l'huile de lin, d'oeillette, de carthame et maintenant avec la délocalisation des fabrications en Chine, l'huile de soja!  
 

L'huile de lin  permet une meilleure dispersion et une plus grande fluidité de la peinture. Elle renforce la transparence, la brillance et même le pouvoir couvrant (opacité) des pigments utilisés, y compris des pigments minéraux. Elle peut communiquer au support un aspect lisse qui élimine toute trace de pinceau. Mais elle ne condamne pas l'utilisation des reliefs à la brosse et de l'application de la peinture en pâte épaisse au couteau si l'artiste le désire, si l'on prend soin de charger la peinture avec un épaississant (talc, craie, plâtre...).

On attribue à tort ou à raison à Jan van Eyck ( 1330-1441) la découverte de la peinture à l'huile. Auparavant, les artistes peintres peignaient "à fresco" sur plâtre frais ou bien "à tempera à l'oeuf " sur des panneaux de bois.
Il est vrai que la technique de l'huile ne s'épanouit qu'à la fin du XV ème siècle avec la découverte des agents siccatifs qui accéléraient plus ou moins le séchage de l'huile, à partir de Raphaël en Italie et de Rubens en Flandre.
A peu prés à la même époque les artistes peintres abandonnent les panneaux de bois pour travailler sur les toiles de lin. Ces dernières se roulent  ou s'empilent aisément et le transport des œuvres achevées en est facilité. 
Les peintres impressionnistes ont renouvelé la technique de la peinture à l'huile grâce à la découverte industrielle de nouveaux pigments organiques et la mise au point de nouvelles couleurs. Ils ont quitté l'atelier pour peindre la nature directement "in situ" sur le motif, grâce aux tubes de peintures en alliage d'étain facilement transportables et aux lignes de chemin de fer! La découverte récente des liants synthétiques acryliques, séchant rapidement, a ouvert aux artistes de nouvelles possibilités, mais n'a pas condamné pour autant la peinture à l'huile.

Et ce qui me parait fondamental: grâce à sa texture et au vernis protecteur créé par l'huile de lin polymérisée, la peinture à l'huile a permis et permet de bien conserver dans le temps le tableau, alors que tempera, fresques et aujourd’hui imprimés ou photos numériques sont beaucoup plus fragiles et ne résisteront pas bien à l'épreuve du temps.


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